La voie martiale


Bien que cet aspect de la discipline soit souvent omis, le Taijiquan est la « Boxe du Faîte suprême », ou « Boxe des transformations ».

 

Contrairement aux techniques modernes, qui font la part belle au spectaculaire, le Taijiquan est fondé sur la recherche de l’efficacité, l’économie de mouvement, la perception.

Huit Forces



Si l’on cherche à l’empoigner, un expert en Taijiquan reste aussi souple et insaisissable que l’eau. Mais dès que vient le moment d’agir, tout son corps relâché libère dans une fraction de seconde une force considérable. Le fajing (littéralement « projection de l’énergie ») est un déclencheur. La façon dont l’onde dégagée est ensuite modulée et canalisée produit l’une des huit forces qui composent la technique de combat à main nue du Taijiquan :


- parer (peng),
- tirer vers le bas (lü),
- presser (ji),
- pousser (an),
- fendre (cai),
- tordre (lie),
- frapper avec le coude (zhou),
- frapper avec l’épaule (kao).


Le nombre peut sembler modeste, pourtant ces huit forces offrent un potentiel de déclinaison et de variation inépuisable.

Le Grand Enchaînement constitue une combinaison particulièrement complexe de cycle compression/explosion que les élèves avancés doivent apprendre à maîtriser, la vidéo ci-dessous est le fruit de ce travail.

L'efficacité de ces huit forces dépend bien sûr de la capacité du combattant à saisir le moment opportun pour les appliquer.

C’est pourquoi un pratiquant expérimenté ne cherche pas à placer délibérément une technique ou une autre. Il choisit d’utiliser telle ou telle force d’après les failles qu’il décèle dans la posture de son adversaire.

Développement de la perception



La plupart des arts martiaux visent à augmenter la puissance et la vitesse du pratiquant. Si le Taijiquan ne néglige pas ces aspects, il accorde au moins autant d’importance au développement de la perception.

 

Ce travail est résumé dans ce court précepte : « écouter, suivre, adhérer, coller ».

 

L’expert ressent les mouvements de l’adversaire comme s’il s’agissait de ceux de son propre corps. Il perçoit ses intentions au moment même où celle-ci se forment dans son esprit. Il ne gaspille pas son souffle dans une agitation inutile et ne cherche jamais à opposer la force à la force. Pleinement dans l’instant présent, il frappe dès qu’il détecte une faiblesse ou un déséquilibre.

La voie martiale



L’apprentissage de la technique de combat se déroule en trois phases : la poussée des mains, le grand déplacement et la dispersion des mains.

 

La poussée des mains met en scène les quatre premières forces – parer, tirer, presser, pousser – dans des échanges circulaires codifiés. En situation de combat réelle, le stress provoque des tensions et réduit le champ de perception. L’exercice de poussée des mains a pour but de désamorcer et de reprogrammer ces réactions. Le maintien d’un contact léger et l’alternance des rôles sans opposition de force requiert une grande vigilance. C’est pourquoi ce travail favorise largement le développement de la perception. On pratique dans un premier temps sur des positions fixes, et on apprend un peu plus tard à se déplacer.

 

Le grand déplacement suit les mêmes principes que la poussées des mains, et introduit les quatre forces suivantes : fendre, tordre, frapper avec le coude et frapper avec l’épaule. Cet exercice doit son nom au fait qu’il se pratique dès le départ en déplacement. Le contact est moins constant, la cadence plus rapide et le rythme plus complexe. La dimension martiale de la discipline devient explicite.

 

La dispersion des mains est l’ultime étape de la voie martiale. On apprend d’abord un long enchaînement à deux, dans lequel attaques et ripostes se succèdent. Une fois ce cadre de travail maîtrisé, on en sort librement à la manière d’un musicien qui improvise à partir d’un motif de base. La technique devient alors vivante et efficace.

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